Le syndicat Force ouvrière Métaux de Sochaux a fait sa rentrée, mardi. Une rentrée marquée par une rengaine sociale. À deux ans de la mise en place définitive de la nouvelle organisation industrielle du site de Sochaux, le syndicat alerte pour veiller aux conditions de travail.
Le syndicat Force ouvrière Métaux de Sochaux a fait sa rentrée, mardi. Une rentrée marquée par une rengaine sociale. À deux ans de la mise en place définitive de la nouvelle organisation industrielle du site de Sochaux, le syndicat alerte pour veiller aux conditions de travail.
Sochaux 2022. Le projet industriel du constructeur PSA avance et aura des conséquences importantes dans le pays de Montbéliard. Et dans l’usine.
Cette échéance est proche et le syndicat Force ouvrière en est bien conscient. « C’est une transformation que nous n’avons pas vécu depuis bien longtemps », remarque Éric Peultier, secrétaire du syndicat Force ouvrière Métaux, à Sochaux, et délégué syndical à PSA. La dernière transformation d’envergure remonte à 30 ans. Pour le syndicat, l’enjeu est social. « On ne peut pas passer sur ce projet sans améliorer la qualité de vie et le bien-être au travail », interpelle-t-il, regrettant le manque d’informations transmis par la direction.
Une usine pour SUV
Avec Sochaux 2022, on passe de deux à une ligne de production. Le système 1, dédié à la 308, ne sera pas reconduit. À partir de 2022, le site de Sochaux est identifié dans le cluster produisant le segment C, les SUV. Sochaux continuera de produire les 3008 et 5008. Il produira aussi les Opel Grandland X hybride. Les autres motorisations de ce modèle rejoindront prochainement Eisenach, en Allemagne. Sochaux va également récupérer la fabrication de la DS 4.
Questions
Pourtant, les questions sont nombreuses. Quid de la cadence par exemple, alors que des séances de travail ont déjà été ajoutées ces derniers mois le soir et le week-end pour répondre à la demande. Les créneaux de la maintenance sont limités et « on ne veut pas que cela se reproduise », prévient Éric Peultier. Il appelle aussi à veiller au nombre de jours travaillés. L’intéressement sera sûrement avantageux en fin d’année, compte tenu des ventes, mais la fatigue se ressent du côté des salariés, estime le syndicaliste. La nouvelle organisation du travail poursuivra-t-elle sur ce rythme ? Cette interrogation taraude les syndicalistes. « Aujourd’hui, les postes de travail sont de plus en plus dur à tenir », insiste le secrétaire de FO Métaux. La cadence d’un véhicule par minute accentue la répétition. « On fait des compactages des postes, complète Thierry Giroux. Les postes ne sont donc plus accessibles à certains. » L’antenne syndicale alerte sur le fait que des postes ne peuvent plus être confiés à des femmes ou à des hommes de plus de 45 ans. Cela veut dire, pour le syndicat, qu’on ne pourrait pas finir sa carrière sur une ligne.
C’est un sujet, alors que l’on évoque un âge pivot pour la retraite à 64 ans… « Il faut que les industriels et le gouvernement se mettent en phase », suggère Force ouvrière. Le site sochalien compte près de 2 000 intérimaires, au 30 juin. En outre, l’accord sur Sochaux 2022 ne prévoit aucun licenciement sec. De fait, le syndicat estime que les intérimaires sont aujourd’hui la variable d’ajustement qui permet d’envisager le nombre de salariés attendus pour faire tourner l’usine avec la nouvelle organisation du travail.
Former
« Nous tirons la sonnette d’alarme. Nous devons nous préparer maintenant à ce changement industriel », relève également Éric Peultier. Force ouvrière questionne les nouvelles machines, les nouvelles organisations. Et le syndicat s’étonne du niveau de formation. Le volume horaire est passé de 208 800 heures à 161 700 heures entre 2017 et 2018 (- 22,6 %). Il veut des garanties sur l’organisation de formation pour répondre à ces changements profonds, alors que des postes vont être chamboulés : les métiers de la logistique, la peinture, la maintenance des nouvelles machines… « Aujourd’hui, nous dénonçons très clairement le flou qui entoure ce projet en termes d’emploi et de condition de travail. » Le message est passé.
Un accord compétitivité en discussion
Des négociations autour d’un accord compétitivité vont bientôt débuter. La première réunion est fixée le 26 septembre. Une situation paradoxale, car l’économie du groupe est florissante. Cet accord s’inscrit dans un avenir incertain pour l’industrie automobile. Direction et représentants du personnel négocient alors qu’ils ne tiennent pas les clés du débat et qu’ils sont dépendants des décisions du gouvernement. Patrick Michel, délégué syndical central, remarque que c’est « difficile » d’appréhender cette décision. Cela crée une situation ubuesque. Il en profite pour dénoncer « l’écologie par homicide ». Il invite à la prudence lorsque l’on prend des décisions relatives aux normes automobiles. « Faisons de l’écologie en protégeant l’emploi », invite-t-il, dénonçant le silence entourant la reconversion des emplois concernés par la diminution de la production des moteurs thermiques. Et de rappeler que si on appliquait à la production 2018, les normes prévues pour 2021, PSA paierait 5 milliards d’euros de pénalités. Les ventes, en France, de PSA, représente 18 % des ventes totales confie Force ouvrière.