Le Belfortain Jérôme Wicky est traducteur de Comics. Il a aussi publié, l’été dernier, un essai sur Gō Nagai, le père de Goldorak. Il sera en dédicaces tout le week-end à l’occasion du Necronomi’Con et proposera une conférence sur le mangaka dimanche en fin de journée. Portrait d’une personnalité aussi discrète qu’étonnante.
Dans sa chambre, des bandes dessinées en veux-tu en voilà ! Sur le plafond mansardé, des figurines de robots, encore emballées dans leur paquet d’origine. Des reproductions de Goldorak notamment. Jérôme Wiky, 43 ans, est traducteur de bandes dessinées étrangères. Américaines exclusivement. De Comics notamment. Et de Batman particulièrement. C’est même l’une des quatre personnes en France à traduire le super-héros de Gotham City. C’est un métier bien particulier. « La vraie difficulté, c’est l’encombrement de la bulle, relève Jérôme Wicky. Il faut aussi savoir être créatif pour traduire des blagues, des énigmes ou des mystères », poursuit-il, citant par exemple le personnage du Joker.
Sans surprise, Jérôme Wicky rentre tout juste d’Angoulême (Charente) et du festival international de la bande dessinée. C’est un geek, mais pas au sens moderne du terme. Il est de la génération X. Et non pas Y. Il baigne dans la culture de la bande dessinée et des dessins animés depuis son enfance. Il a même écrit son mémoire de maîtrise en Anglais sur un sujet touchant l’univers des Comics. Avant d’être traducteur, il a bossé comme journaliste chez la prestigieuse agence photographique Gamma, en qualité de rédacteur-traducteur. Il l’a quittée à sa fermeture en 2009 pour se consacrer à la traduction. Il a aussi écrit dans le Journal de Mickey une série où la célèbre petite souris se baladait dans l’espace. Sur son étagère, on voit une édition de Star Wars comics collector, une compilation de 80 numéros publiée par Atlas et Delcourt en 2010 reprenant les BD Star Wars éditées par Marvel Comics de 1877 à 1986. Il a contribué à la compilation en écrivant les dossiers présentant les personnages de la saga.
Gō Nagai, un touche-à-tout
Sur le bureau, un pavé. Un monument presque. Il fait 472 pages. Il a nécessité 11 mois de travail. C’est un livre, intitulé Gō Nagai, mangaka de légende. Il a été publié l’été dernier et est sorti à l’occasion du Japan expo de Paris, pour les 50 ans de carrière de Gō Nagai, le père de Goldorak. En 1978, quand le personnage débarque dans la petite lucarne française, c’est une révolution. Le premier dessin animé de science-fiction. La machine marketing embraie le pas… On est à un tournant. « J’attendais un bouquin comme ça depuis longtemps, mais personne ne le faisait », confie Jérôme Wicky, d’abord un fan de Comics. Il s’est pris d’affection pour ce mangaka pas comme les autres, qu’il a découvert à l’âge de 13 ans en regardant un reportage. « Au Japon, Gō Nagai est connu au début comme un auteur à scandales, précise Jérôme Wicky. Il est un peu à l’image de Gotlib. » C’est au début des années 1970 qu’il se met à écrire des histoires fantastiques. À cette occasion, il crée son premier robot, Mazinger Z, bien plus connu au pays du soleil levant que Goldorak, son héritier. Mais Gō Nagai, ce n’est pas que des robots, c’est aussi des personnages sombres comme Devilman, un réalisme cru, voire teinté d’érotisme avec Cutie Honey. « C’est un auteur que je n’ai jamais cessé de découvrir, relève-t-il. Gō Nagai était un touche-à-tout. Il aimait essayer. »
Sa compilation accorde une large biographie à Gō Nagai puis propose une analyse de son œuvre. « Il a aussi un message sur la gravité de la violence. Elle a toujours une conséquence. » Elle est aussi toujours faite contre un semblable. Il montre également que derrière un robot, il y a toujours un humain, message à contre-courant de la dynamique technologique où les êtres humains disparaissent au fur et à mesure… en témoignent les drones. Et de citer finalement les questionnements de l’auteur sur la construction de la féminité, en abordant le personnage de Cutie Honey. Dans l’œuvre de Gō Nagai, il y a du divertissement. Mais de la gravité aussi. « Il y a du sens », apprécie le spécialiste.
- Dimanche 4 février, 17 h 20, conférence sur Gō Nagai lors du Necronomi’Con, à l’AtraXion.
- Necreonomi’Con, les 3 et 4 février, à l’AtraXion d’Andelnans, 9 euros (6 euros en tarif réduit
- Gō Nagai, mangaka de légende, par Jérôme Wicky, 25 €, Fantask éditions, à retrouver dans les réseaux Fnac et Cultura, ainsi que sur Amazon. L’auteur est présent sur le Salon du Necronomi’Con tout le week-end.