La question du financement de la sécurité autour des Eurockéennes avait fait débat en juin. La préfecture se montre optimiste quant à un accord pour l’édition 2019. Mais le directeur des Eurockéennes, s’il est d’accord sur le dispositif prévu, reste réticent sur l’engagement financier : considérer les Eurocks comme une manifestation à but lucratif aurait de fortes conséquences.
Les Eurockéennes sont-elles un festival à but lucratif ou non ? La question se pose quant au financement du dispositif de sécurité mis en place autour du festival depuis la publication de la directive Collomb au mois de mai. La directive vise à faire supporter à leurs organisateurs une part du coût lié au dispositif de sécurité mis en place autour des grandes manifestations. Les manifestations sans but lucratif ne sont pas concernées. Les Eurockéennes avaient tiré la sonnette d’alarme juste avant l’édition de juillet dernier, affirmant que plus de 250 000 euros étaient demandés au festival belfortain.
La préfète du Territoire de Belfort, Sophie Élizeon, nuance aujourd’hui cette demande : si le chiffre de 254 000 euros a bien été évoqué, c’était uniquement pour faire prendre conscience aux organisateurs du coût du dispositif, a-t-elle expliqué lors d’un déjeuner de presse de ce mardi matin, 18 septembre. « Nous nous étions accordés sur 80 000 euros », indiquait ce matin la préfète. Pour l’édition 2019, Sophie Élizeon s’est montrée optimiste, après une réunion de concertation organisée la semaine dernière, sur la perspective d’un accord avec les Eurockéennes, pour une enveloppe de l’ordre de 100 000 euros à la charge des Eurockéennes. Tout en précisant toutefois que « l’organisateur conteste le but lucratif des Eurockéennes ». « Mais si on s’acquitte de l’impôt et de la TVA, il y a de fortes chances que l’on soit en présence d’une manifestation à but lucratif », indique Sophie Élizeon. Le dispositif de sécurité autour des Eurockéennes mobilise 270 gendarmes. Pour la préfète du Territoire de Belfort, l’enjeu serait de diviser cet effectif par deux.
1,3 million d’euros de mécénat en jeu
Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes, est plus réservé sur la perspective d’un accord. « Nous sommes d’accord sur le dispositif de la gendarmerie comme nous l’avons toujours été, mais sur le coût, bien sûr que non », relève-t-il par téléphone.
« Et nous ne sommes pas d’accord, car le dossier 2018 n’est pas résolu », affirme-t-il. « La circulaire Collomb prévoit un bouclier tarifaire pour les manifestations à but non lucratif, et c’est notre cas. Nos éventuels excédents sont reversés à l’intérieur ; je dispose de deux rescrits fiscaux, notamment pour le mécénat, qui spécifient que nous avons une gestion désintéressée ; nous avons signé avec les préfets précédents deux conventions qui nous identifient comme manifestation à but non lucratif ».
Au-delà du co-financement du dispositif de sécurité, l’enjeu est de taille pour les Eurockéennes. Jean-Paul Roland craint un effet domino si les Eurockéennes étaient qualifiées de manifestation à but lucratif dans le cadre de la circulaire Collomb. « Si nous sommes qualifiés comme étant à but lucratif, nous perdons 1,3 million d’ euros de mécénat, des subventions qui représentent 8 % de notre budget et l’octroi de la gratuité du site du Malsaucy. C’est une analyse dangereuse pour les Eurockéennes. »