On a accueilli entre 125 000 et 130 000 festivaliers pour cette 31e édition des Eurockéennes de Belfort. Un chiffre semblable à 2017.
On a accueilli entre 125 000 et 130 000 festivaliers pour cette 31e édition des Eurockéennes de Belfort. Un chiffre semblable à 2017. Si l’organisation est heureuse de la fête organisée et satisfaite de la mise en place du cashless, on sent que le dossier sécurité pèse. Bilan.
« Ce n’est pas le lieu de polémiquer, mais on est sûr de notre fait et de notre droit. » Matthieu Pigasse, président de Territoire de Musique, l’association organisatrice des Eurockéennes, répond à la question abordant le dossier des coûts de la sécurité. Le verbe est clair. Précis. Ferme. Mais on pressent le malaise et un dossier délicat. Ce débat sur la sécurité, opposant les Eurockéennes de Belfort à l’État, se cristallise sur l’interprétation d’une circulaire. Sur le caractère lucratif ou non du festival d’une part. Et sur la définition du périmètre missionnel de l’intervention des forces de l’ordre d’autre part rappelle le président de l’association. Ce dossier court depuis un an. L’interprétation de la préfecture a encouragé les Eurockéennes de Belfort à la dénoncer au tribunal administratif. En jeu, le paiement d’une facture de 254 000 euros pour l’édition 2018, ramenée pour le moment à 80 000 euros.
En marge de la conférence de presse, la préfète du Territoire de Belfort, Sophie Élizéon, est sûre de son fait. Et regrette que l’État n’ait pas été signalé dans la liste des partenaires du festival. Elle rappelle que la convention 2018, liant l’État et le festival pour la mise à disposition des gendarmes, n’a pas été signée. Ni celle de 2019, revue à la baisse. La seconde s’élève à 106 000 euros et pouvait être réglée en plusieurs fois. La première facture représente 55 % du montant total. « Comme quoi, nous faisons preuve de discernement », tance la préfète, qui dit comprendre la situation financière. Puis rappelle : « L’organisateur semble confondre le statut de son association et les actions qu’il conduit. » Elle ne remet pas en cause le statut associatif – et glisse qu’une association est forcément non lucrative – mais rappelle que Territoire de musique s’acquitte de l’impôt sur les sociétés et de la TVA. Sophie Élizéon se réfère une nouvelle fois à la règle des 4P : produit ; public ; publicité ; et prix. « À la lumière de ces 4 P, je ne vois pas comment on peut dire que le festival est à caractère non lucratif, constate la préfète. Moyennant cela, on ne peut pas bénéficier du bouclier tarifaire. »
Des précisions le 16 juillet
La tension est palpable entre l’État et l’association. Dans leur allocution, les Eurockéennes ont donc rappelé le « contexte délicat » d’organisation du festival : hausse des cachets, coûts de la sécurité, concurrence. Jean-Paul Roland, le directeur du festival, a rappelé l’implication du festival au quotidien dans le territoire et insister sur son empreinte. « Nous ne sommes pas un festival hors-sol », dit-il, avant de conclure sur « l’énergie collective du territoire ».
La nouvelle politique de sécurité, proposée ces dernières semaines par la préfecture, semble être un argument de poids dans ce dossier. Que la préfecture compte bien utiliser pour pousser son avantage. Moins de gendarmes, mais beaucoup plus déployés, sur leurs missions originelles. Ils sont notamment intervenus au camping, avec une brigade cynophile. La préfecture et le parquet affirment avoir proposé « une réponse à la mesure du festival ». Avec notamment un accent sur la lutte contre les stupéfiants et l’insécurité routière. La préfète a déjà donné rendez-vous : le 16 juillet. Ce sont les retours d’expérience de l’organisation de l’événement. Pour l’année prochaine, aucune précision n’a été faite sur une édition à 3 ou 4 jours. Sollicité en soirée, Matthieu Pigasse avait déjà quitté le festival.
Soutien aux salariés de General Electric
Les Eurockéennes de Belfort avaient invité à la conférence de presse de bilan des membres de l’intersyndicale de General Electric. « Même si General Electric est mécène du festival, il était important d’inviter l’intersyndicale pour sensibiliser sur le dossier, a relevé Jean-Paul Roland. La fête ne doit pas cacher tout le combat de ce territoire. » Pendant les quatre jours, des salariés de General Electric ont sillonné le festival pour faire signer leur pétition contre la suppression de près de 1 000 emplois à Belfort. Plusieurs milliers de signatures ont été recueillies, qui s’ajoutent aux 16 333 signatures déjà recueillies sur la pétition en ligne.